Rédigé par Valérie Pontier, Experte en Économie Circulaire et Consultante en Stratégies Durables pour les Entreprises
Dans un monde où les achats professionnels et le destockage en gros jouent un rôle clé dans la gestion des ressources, le choix entre bouteilles en plastique et canettes devient un enjeu majeur pour les entreprises. Alors que la demande en emballages jetables persiste, notamment dans les secteurs de la restauration, des événements ou de la grande distribution, leur impact environnemental divise. Le plastique, souvent pointé du doigt pour sa pollution, et l’aluminium, perçu comme plus vertueux grâce au recyclage, cachent chacun des réalités complexes. Entre processus de production énergivores, taux de recyclage variables et empreinte carbone, lequel de ces deux matériaux est vraiment le moins néfaste pour la planète ? Cet article, destiné aux acheteurs professionnels, analyse ces enjeux sous l’angle de l’économie circulaire et du destockage responsable, en citant des marques phares comme Coca-Cola, PepsiCo ou Nestlé Waters, pour guider vos décisions d’approvisionnement.
1. Production et Matières Premières : Le Coût Caché des Matériaux
Les bouteilles en plastique sont majoritairement fabriquées à partir de PET (polyéthylène téréphtalate), un dérivé du pétrole. L’extraction des combustibles fossiles, associée à la production de plastique, génère d’importantes émissions de CO₂. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, la production de plastique pourrait représenter 20 % de la consommation mondiale de pétrole d’ici 2050.
Les canettes, quant à elles, sont constituées d’aluminium, dont l’extraction de la bauxite entraîne une déforestation massive et une pollution des sols. Cependant, l’aluminium est recyclable à l’infini sans perte de qualité, un avantage clé pour les entreprises visant une gestion durable des stocks. Des marques comme Ball Corporation, leader des emballages métalliques, misent sur des partenariats avec des fournisseurs certifiés ASI (Aluminium Stewardship Initiative) pour réduire leur empreinte.
2. Recyclage et Gestion des Déchets : Le Paradoxe du Plastique
Si le taux de recyclage des canettes atteint 76 % en Europe (source : European Aluminium), celui des bouteilles en plastique stagne autour de 58 %, avec des disparités régionales. En cause : la complexité du tri des plastiques colorés ou opaques, et leur dégradation en microplastiques. Pourtant, des innovations comme les bouteilles 100 % recyclées de Evian (groupe Danone) ou les projets de Loop (plateforme de consigne réutilisable) montrent une voie possible vers l’économie circulaire.
À l’inverse, le recyclage de l’aluminium nécessite 95 % d’énergie en moins que sa production initiale, un argument fort pour les acheteurs professionnels soucieux de réduction des coûts énergétiques. La marque Red Bull, par exemple, s’engage à utiliser 100 % d’aluminium recyclé d’ici 2030.
3. Transport et Empreinte Carbone : Le Poids des Logistiques
Le poids léger des bouteilles en plastique (environ 10 à 25 g) réduit les émissions liées au transport, un atout pour le destockage en gros sur de longues distances. Cependant, leur fragilité nécessite souvent des suremballages, annulant cet avantage.
Les canettes, plus lourdes (environ 15 à 20 g), mais empilables et résistantes, optimisent l’espace dans les camions. Des acteurs comme Coca-Cola et PepsiCo investissent dans des camions électriques pour leurs livraisons, combinant performance logistique et stratégie bas carbone.
4. Innovations et Alternatives : Vers une Sortie du Jetable
Face aux critiques, les industriels accélèrent leurs initiatives. Nestlé Waters expérimente des bouteilles en papier avec la startup PaperBottle Company, tandis que Carlsberg mise sur des canettes en fibre de bois. Pour les professionnels, ces innovations ouvrent des opportunités de destockage en gros alignées avec les attentes des consommateurs (83 % privilégient les marques écoresponsables – étude Nielsen).
Les solutions de réemploi gagnent aussi du terrain : Perrier teste des fontaines à eau connectées pour les entreprises, et San Pellegrino propose des formats en verre consignés.
5. Quel Choix pour les Acheteurs Professionnels ?
Le duel entre bouteilles en plastique et canettes n’a pas de vainqueur absolu. Chaque matériau présente des atouts et des limites :
- Le plastique reste moins coûteux à produire, mais sa mauvaise gestion en fin de vie en fait un risque écologique majeur.
- L’aluminium, bien que recyclable à l’infini, dépend d’une logistique de collecte efficace et d’une énergie décarbonée.
Pour les entreprises engagées dans le destockage en gros, la priorité devrait être :
- Privilégier les matériaux recyclés (ex. : canettes Ball Aluminum Cups ou bouteilles Volvic 100 % rPET).
- Collaborer avec des fournisseurs certifiés (labels FSC, ASI, ou partenaires Terracycle).
- Intégrer l’analyse du cycle de vie (ACV) pour comparer l’impact global des emballages.
Enfin, la tendance vers le réemploi et les circuits courts (comme les plateformes Loop ou MUUSE) offre une troisième voie, alignée avec les réglementations comme la loi AGEC en France. En tant qu’acheteur professionnel, votre choix doit reposer sur une vision systémique : réduire les déchets, optimiser les coûts logistiques, et anticiper les attentes réglementaires.
Valérie Pontier accompagne les entreprises dans leur transition écologique via des stratégies d’approvisionnement durable et de gestion des stocks. Spécialiste des filières recyclage, elle collabore avec des groupes internationaux pour décrypter les enjeux de l’économie circulaire.